Seedling - October 2008

L'aide en semences, l'agrobusiness et la crise alimentaire

La crise alimentaire mondiale, hâtivement définie par ceux qui sont au pouvoir comme un problème de production insuffisante, est devenue le Cheval de Troie par lequel les semences industrielles, les engrais et, subrepticement, les mécanismes du marché, pénètrent dans les pays pauvres. Comme l’expérience passée le montre, ce qui semble être une « aide en semences » à court terme peut masquer ce qui est en fait une « aide en agrobusiness » à long terme. Nous faisons le point ici sur ce qui est en train de se passer.

La crise alimentaire mondiale, hâtivement définie par ceux qui sont au pouvoir comme un problème de production insuffisante, est devenue le Cheval de Troie par lequel les semences industrielles, les engrais et, subrepticement, les mécanismes du marché, pénètrent dans les pays pauvres. Comme l’expérience passée le montre, ce qui semble être une « aide en semences » à court terme peut masquer ce qui est en fait une « aide en agrobusiness » à long terme. Nous faisons le point ici sur ce qui est en train de se passer.

La résistance aux multinationales : l'expérience des familles paysannes au Sud-Ouest Bénin

Depuis plusieurs décennies, les multinationales essaient par tous les moyens de contrôler la manière dont l’Afrique utilise ses ressources génétiques, ses semences en particulier. Les stratégies qu’elles ont employées incluent l’introduction d’intrants chimiques avec tous les problèmes que cela peut entraîner, l’adoption de lois nationales et/ou régionales inspirées pour la plupart des modèles européens et la mise en place de programmes soutenus par les Etats-Unis, tels que la Loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (l’AGOA) ou le Fonds pour les défis du millénaire  (le Millennium Challenge Account ou MCA). Les communautés locales, en revanche, résistent avec calme et dignité en transmettant leurs propres pratiques agricoles de génération en génération. Des exemples relevés durant un voyage au Sud-Ouest Bénin montrent ainsi comment les communautés parviennent encore à contrôler leur utilisation des semences et à gérer leurs ressources génétiques.

Depuis plusieurs décennies, les multinationales essaient par tous les moyens de contrôler la manière dont l’Afrique utilise ses ressources génétiques, ses semences en particulier. Les stratégies qu’elles ont employées incluent l’introduction d’intrants chimiques avec tous les problèmes que cela peut entraîner, l’adoption de lois nationales et/ou régionales inspirées pour la plupart des modèles européens et la mise en place de programmes soutenus par les Etats-Unis, tels que la Loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (l’AGOA) ou le Fonds pour les défis du millénaire  (le Millennium Challenge Account ou MCA). Les communautés locales, en revanche, résistent avec calme et dignité en transmettant leurs propres pratiques agricoles de génération en génération. Des exemples relevés durant un voyage au Sud-Ouest Bénin montrent ainsi comment les communautés parviennent encore à contrôler leur utilisation des semences et à gérer leurs ressources génétiques.

Leçons d'une Révolution verte en Afrique du Sud

Le dernier plan de sauvegarde pour l'Afrique est de nouveau une Révolution verte. GRAIN, avec un grand nombre d'autres, a écrit et commenté abondamment sur l'Alliance pour une révolution verte pour l'Afrique (AGRA) et sur les impacts qu'il aura dans le continent.[1] En attendant, ce modèle de Révolution verte a déjà été mis en place ces cinq dernières années dans la province orientale du Cape en Afrique du Sid. Cela nous fournit un exemple et une indication des résultats probables d'une telle approche dans d'autres endroits d'Afrique.

Le dernier plan de sauvegarde pour l'Afrique est de nouveau une Révolution verte. GRAIN, avec un grand nombre d'autres, a écrit et commenté abondamment sur l'Alliance pour une révolution verte pour l'Afrique (AGRA) et sur les impacts qu'il aura dans le continent.[1] En attendant, ce modèle de Révolution verte a déjà été mis en place ces cinq dernières années dans la province orientale du Cape en Afrique du Sid. Cela nous fournit un exemple et une indication des résultats probables d'une telle approche dans d'autres endroits d'Afrique.

Le jatropha  l'agrocarburant des pauvres ?

Le jatropha curcas est un arbuste à fleurs rouge vif, natif d'Amérique centrale, que les commerçants portugais importèrent d’Afrique vers l’Asie comme plante décorative. Ses graines oléagineuses peuvent être utilisées pour produire du biodiesel. Puisqu'il pousse sur des sols pauvres, le jatropha est largement promu en Asie et en Afrique comme la plante idéale des petits cultivateurs. En Afrique et en Asie, il y a de sérieuses préoccupations au sujet de l'impact environnemental et social du jatropha. L’Australie occidentale l’a même interdit à cause de sa toxicité sur les humains et les animaux et à cause de sa capacité de devenir rapidement difficile à contrôler, une herbe envahissante.

Le jatropha curcas est un arbuste à fleurs rouge vif, natif d'Amérique centrale, que les commerçants portugais importèrent d’Afrique vers l’Asie comme plante décorative. Ses graines oléagineuses peuvent être utilisées pour produire du biodiesel. Puisqu'il pousse sur des sols pauvres, le jatropha est largement promu en Asie et en Afrique comme la plante idéale des petits cultivateurs. En Afrique et en Asie, il y a de sérieuses préoccupations au sujet de l'impact environnemental et social du jatropha. L’Australie occidentale l’a même interdit à cause de sa toxicité sur les humains et les animaux et à cause de sa capacité de devenir rapidement difficile à contrôler, une herbe envahissante.

La nouvelle ruée vers l'Afrique

L’Afrique, avec ses vastes terres et sa main-d’oeuvre bon marché, est une cible de choix pour les promoteurs d'agrocarburants. Comme aime à le souligner un certain groupe de pression européen favorable aux agrocarburants, rien que 15 pays africains – surnommés l’“OPEP vert” (voir carte) – réunissent ensemble une surface arable disponible aux cultures d’agrocarburant supérieure à la surface de l’Inde elle-même. Et déjà, sur ce continent, des millions d’hectares de terres soi-disant “en friche” ont été prospectées et affectées aux agrocarburants.

L’Afrique, avec ses vastes terres et sa main-d’oeuvre bon marché, est une cible de choix pour les promoteurs d'agrocarburants. Comme aime à le souligner un certain groupe de pression européen favorable aux agrocarburants, rien que 15 pays africains – surnommés l’“OPEP vert” (voir carte) – réunissent ensemble une surface arable disponible aux cultures d’agrocarburant supérieure à la surface de l’Inde elle-même. Et déjà, sur ce continent, des millions d’hectares de terres soi-disant “en friche” ont été prospectées et affectées aux agrocarburants.

Les agrocarburants en Amérique latine

L’Amérique du Sud est en train de devenir une zone clé pour les agrocarburants, que ce soit pour l’éthanol produit à base de canne à sucre, pour le biodiesel, produit à base d'huile de soja, ou même pour l’huile de palme, à un moindre degré. Les activistes latino-américains, qui furent les premiers à utiliser le terme agrocombustible (agrocarburant), ont également été parmi les premiers à dénoncer ce qui est en train de se produire. Ils expliquent ici, avec leurs propres mots, comment la ruée sur l’agrocarburant affecte leur continent.

L’Amérique du Sud est en train de devenir une zone clé pour les agrocarburants, que ce soit pour l’éthanol produit à base de canne à sucre, pour le biodiesel, produit à base d'huile de soja, ou même pour l’huile de palme, à un moindre degré. Les activistes latino-américains, qui furent les premiers à utiliser le terme agrocombustible (agrocarburant), ont également été parmi les premiers à dénoncer ce qui est en train de se produire. Ils expliquent ici, avec leurs propres mots, comment la ruée sur l’agrocarburant affecte leur continent.

La connexion soja en Amérique du Sud

En parallèle à l'expansion rapide de la production d'éthanol, largement fabriquée à partir de canne à sucre, l'Amérique du Sud commence aussi à jouer un rôle clé en tant que producteur de biodiesel. Le principal produit de départ est le soja et, pour les cultivateurs de soja et les multinationales céréalières, qui éprouvaient des difficultés dues à la surproduction, ce nouveau débouché est une véritable aubaine. Il leur donne le prétexte parfait pour continuer leur prise de contrôle sur le continent.

En parallèle à l'expansion rapide de la production d'éthanol, largement fabriquée à partir de canne à sucre, l'Amérique du Sud commence aussi à jouer un rôle clé en tant que producteur de biodiesel. Le principal produit de départ est le soja et, pour les cultivateurs de soja et les multinationales céréalières, qui éprouvaient des difficultés dues à la surproduction, ce nouveau débouché est une véritable aubaine. Il leur donne le prétexte parfait pour continuer leur prise de contrôle sur le continent.