https://grain.org/e/691

Un instantané de la situation de l'agrocarburant dans certains pays asiatiques

by GRAIN | 18 Oct 2007

GRAIN


Le Japon

Le gouvernement japonais n’a pas proposé de mandat pour les mélanges d’agrocarburant et d’essence. Au lieu de cela, il s'applique à soutenir le développement d'une industrie des agrocarburants au travers de subventions destinées à ses grandes sociétés, de programmes promotionnels et de contrats d'approvisionnement avec les principaux pays producteurs d'agrocarburant.

Certaines grandes sociétés japonaises sont les leaders mondiaux du développement de technologies de l’agrocarburant et l’une des sources principales d’investissement étranger dans sa production. Cependant, d’autres grandes entreprises, notamment Mitsubishi, Toyota et le géant de l’acier NKK, dirigent leur R&D de carburants alternatifs vers l’oxyde de méthyle, obtenu à partir du gaz naturel.

Quelques grands projets

En 2005, des entreprises japonaises ont accepté d’investir à hauteur de 2 milliards USD dans le secteur de l'éthanol brésilien. Il s’en est suivi un bon nombre de contrats et finalement, un accord bilatéral sur les biocarburants signé par les deux pays. Cet investissement comprend une coentreprise entre Petrobrás et l’entreprise publique Nippon Alcohol Hanbai, pour l’exportation d’éthanol, une coentreprise entre Mitsui et Petrobrás, pour la production, le transport et l’exportation d’éthanol au Japon, une coentreprise d’agrocarburant entre Marubeni et le plus gros négociant brésilien de céréales et d’oléagineux, Agrenco, et enfin, une coentreprise Mitsui, cette fois-ci avec le négociant brésilien de sucre, Coimex.

Mis à part le Brésil, Mitsui construit actuellement une grande raffinerie de jatropha en Afrique du Sud et une raffinerie de noix de coco destiné au biocarburant aux Philippines. Itochu, l’une des plus grandes entreprises commerciales du Japon, planifie, plus près de chez elle, des opérations d’éthanol à base de manioc en Indonésie, en Thaïlande et au Viêtnam.

Honda travaille en collaboration avec l'Institut de recherche sur les technologies innovatrices pour la Terre (Research Institute for Innovative Technology for the Earth) pour le développement de l’éthanol cellulosique à base de biomasse « molle », telle que les feuilles de riz.


La Chine

Le gouvernement chinois est le plus gros investisseur mondial du secteur de l'énergie renouvelable. La plupart des dépenses sont destinées aux énergies hydraulique, solaire et éolienne, beaucoup moins d'argent est destiné aux agrocarburants à cause de préoccupations au niveau des impacts sur l'approvisionnement alimentaire national. Et pourtant, le gouvernement a entrepris de définir des cibles ambitieuses sur le long terme pour l'utilisation de biocarburants et a déjà autorisé un mandat pour un mélange de 10 % d’éthanol dans l’essence, dans certaines provinces et certaines villes.

Les subventions publiques aux agrocarburants sont principalement relayées par quatre grandes usines à éthanol : Jilin Fuel Alcohol Company Ltd, Anhui Fengyuan Petrochemical Ltd, Henan Tianguan Group et Heilongjiang Huarun Jinyu Ltd.

Malgré les préoccupations publiques exprimées au sujet de l'impact sur l'approvisionnement alimentaire national, 900 000 tonnes d'éthanol ont été exportées en 2006, la plupart vers les États-Unis. La raffinerie d’éthanol Jilin de PetroChina, la plus grande du monde, a exporté toute sa production de cette année, et un grand nombre d'opérations d'agrocarburant éclosent un peu partout dans le pays, avec peu de restrictions gouvernementales, souvent soutenues pas des investissements étrangers et orientées vers l'exportation.

Afin de soulager les tensions sur l’approvisionnement alimentaire, le gouvernement encourage l’utilisation de produits de départ importés, comme le manioc, et il aide ses grandes entreprises à sceller des accords d'approvisionnement alimentaire avec des pays tels que le Nigeria, l’Indonésie, la Malaisie et les Philippines.

Quelques grands projets

China National Cereals, Oils & Foodstuffs (COFCO) est engagée dans trois des quatre plus grandes raffineries chinoises d’agrocarburant subventionnées par l’état. Elle possède la raffinerie d’éthanol Heilongjiang et détient 20 pour cent des parts de la raffinerie de Jilin (qui appartient à PetroChina) et de la raffinerie d’Anhui. Elle construit également une usine d’éthanol à base de manioc à Guangxi et deux usines d’éthanol, l’une à base de maïs et l’autre à base de patate douce, à Hebei et à Liaoning.

China National Offshore Oil Corp. développe actuellement une raffinerie de biodiesel et des plantations de jatropha couvrant 33 000 hectares à Sichuan. À l’étranger, elle est engagée dans un projet de coentreprise valant 5,5 milliards USD, pour du biodiesel à base d’huile de palme et de l’éthanol à base de canne à sure ou de manioc en Indonésie, et dans une coentreprise malaisienne avec Bio Sweet (Malaisie) pour la construction d’une raffinerie de biodiesel à base d’huile de palme devant produire 1,5 million de tonnes par an, sur l’île chinoise de Hainan.


La Corée du Sud

En 2006, le gouvernement a levé la taxe sur le biodiesel et a donné son mandat pour que le diesel domestique contienne 0,5 % de biodiesel. Cependant, puisque l’essence est le carburant le plus couramment utilisé pour le transport national, cette mesure n’a eu qu’un impact limité. Étant donné que la Corée du Sud est le principal producteur de MTBE, qui est généralement remplacé par l'éthanol, le gouvernement n’a montré que peu d’intérêt pour promouvoir l'éthanol en tant qu'agrocarburant. La plupart de l’investissement émanant des entreprises sud-coréennes est ciblé aux contrats d’approvisionnement avec l’étranger.

Quelques grands projets

Ingen Company prévoit de construire une usine d’éthanol dans la province indonésienne de Lampung, qui sera approvisionnée par une plantation de manioc de 200 000 hectares. Dans ce même lieu d'Indonésie, Samsung prévoit d'investir 1 milliard USD dans des projets d'agrocarburant au travers d’une coentreprise avec le producteur d’huile de palme Mapoli Raya et le producteur chimique Cho Yang Fine Chemical, qui va établir une raffinerie d’éthanol et des plantations de manioc de grande envergure. Samsung planifie aussi d’établir une usine de biodiesel de jatropha devant produire 200 000 tonnes par an aux Philippines, avec Philippine National Oil Co.


Les Philippines

Le décret sur les agrocarburants de 2005 mandate un mélange d’éthanol de 5 % dans l'essence avec une option permettant d'augmenter jusqu'à 10 % après les deux premières années et un mélange de 1 % de biodiesel à base de noix de coco, avec la même option pour une augmentation de 2 %. Il dote aussi l’industrie de l’agrocarburant d’une série d’incitations fiscales et financières et finance des programmes.

Quelques grands projets

L’entreprise publique Philippine National Oil Co. a un certain nombre de projets de coentreprises en cours avec des entreprises étrangères, telles Sumitomo et Samsung au Japon. Elle a récemment signé un contrat de biocarburant d’1 milliard USD avec Biogreen Energy (Malaisie) pour une raffinerie d’agrocarburant et une plantation de jatropha d’1 million d'hectares, ainsi qu’un contrat d’1,3 milliard USD avec NRG Chemical Engineering Pte (RU), pour la construction d’une raffinerie de biodiesel et de deux distilleries d’éthanol, et pour un investissement de 600 millions pour des plantations de jatropha qui couvriront près d’1 million d’hectares, principalement à Palawan et Mindanao.

La filiale de l'entreprise saoudienne Aramco aux Philippines, Petron, le plus grand raffineur du pays, a signé un contrat d’exclusivité pour l’approvisionnement d’éthanol avec San Carlos Bioenergy, une coentreprise entre Bronzeoak, établie au RU, et Zabaleta & Co., qui est contrôlée par le président de l’Association des sucriers des Philippines.

En janvier 2007, le gouvernement philippin a signé plusieurs contrats d’agrocarburant avec des grandes sociétés chinoises, comprenant un contrat de 3,83 milliards USD avec le groupe Fuhau visant à mettre de côté plus d’1 million d’hectare de terres pour la production de produits de départ pour éthanol destinés à être exportés vers la Chine.


La Thaïlande

En 2003, le gouvernement a mandaté un mélange de 5 % dans cinq états et a fixé le prix de l'éthanol en dessous du prix de l'essence. Le mandat territorial pour le mélange de biodiesel de 2 % doit venir à effet en 2008. La production nationale d’éthanol utilise la canne à sucre et le manioc, tandis que le biodiesel utilise largement l'huile de palme. Les entreprises d’éthanol thaïlandaises se plaignent de l’étroitesse de leur marge bénéficiaire, avec des prix bas pour l’éthanol et des prix élevés pour les produits de départ.

Quelques grands projets

La Thaïlande et le Brésil se sont accordés sur un contrat de transfert de technologie qui comprend l’importation de 300 000 litres d’éthanol brésilien.

Khon Kaen Alcohol, l'unique entreprise sucrière publique de Thaïlande et l’un des principaux producteurs d’éthanol, s’est récemment implantée au Laos, où les salaires ne représentent qu'un quart des salaires thaïlandais, à travers d’une coentreprise de plantation de sucre et d’une raffinerie d’éthanol qui exportera vers la Thaïlande.

L’entreprise publique de gaz PTT est le plus gros producteur national de biodiesel. Elle planifie d’étendre sa capacité de 1,2 millions de litres par jour au travers de coentreprises avec des entreprises d'huile de palme locales, y compris une coentreprise avec le géant de l’agro-industrie, Charoen Pokphand, pour mettre à disposition de nouvelles terres pour palmier à huile dans le sud du pays et pour développer un projet complet de biodiesel intégré « d’amont en aval », allant de la plantation de la graine à la vente finale d’agrocarburants.


L’Inde

L’Inde est le deuxième producteur asiatique d’éthanol. En janvier 2003, le programme de mélange éthanol a mandaté une quantité de 5 % d’éthanol dans le pétrole. Avec des limites à l’expansion de la production de canne à sucre en Inde, ce mandat a encouragé les entreprises sucrières indiennes à se développer au Brésil. L’Inde est devenue le plus grand importateur mondial d’éthanol brésilien.

La plupart du carburant automobile consommé en Inde est du diesel. La mission nationale sur le biodiesel s'est fixée l’ambitieux objectif d'un mélange à 20 pour cent d'éthanol d'ici à 2013. Le gouvernement considère dorénavant le jatropha comme son principal produit de départ, avec pour objectif de parvenir à utiliser 13,5 des 39 millions d'hectares déjà destinés à la production de jatropha nationale d'ici à 2012.

Quelques grands projets

Reliance Industries, la plus grande entreprise du secteur privé indien, planifie de construire une grande raffinerie d’éthanol au Brésil. Elle est également en train construire une raffinerie de jatropha de 500 millions USD à Andhra Pradesh.

En 2006, Bajaj Hindusthan, la plus grande entreprise sucrière et productrice d’éthanol d’Inde et le géant pétrolier indien Bharat Petroleum ont tous deux annoncé des projets d'acquisitions représentant plusieurs millions de dollars et d'expansion au Brésil, dans les secteurs du sucre et de l'éthanol.

Author: GRAIN