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Des élèves ougandais réfléchissent à l’accaparement des terres

by Lorna Jones | 16 May 2013

Ochen Solomon« Je ne raconte pas une histoire comme ça, surgie de nulle part, ce sont les larmes que j’ai versées quand notre terre a été accaparée qui me font parler. Ce qui fait que, comme Ochen, je résiste si énergiquement à l’accaparement des terres, c’est que les personnes déplacées ne reçoivent pas un autre endroit pour continuer leur vie. »

Ochen Solomon est l’un des quatre garçons ougandais qui ont écrit sur les effets que produit l’accaparement des terres sur la vie de leur famille et de leur communauté dans le cadre du Concours annuel de rédaction d’enfants et de jeunes gens de descendance africaine, version 2013. Cette initiative londonienne encourage et soutient le développement éducatif d’enfants de 7 à 16 ans en Afrique et dans la diaspora africaine.

Ochen et ses camarades de classe ont choisi de lire le rapport de Grain, Ruée vers l’or bleu en Afrique, parmi une liste de documents sur des questions contemporaines.

Les questions auxquelles ils devaient réfléchir étaient : Que pensez-vous de l'accaparement des terres ? Quelles solutions proposeriez-vous au problème ? Que font les gens que vous connaissez, ou votre famille, à ce sujet ?

Ils ont ensuite mené leur propre enquête indépendante sur le thème choisi, puis ils ont proposé leur point de vue.

 

Ochen Solomon (première place)

1 750 familles se sont retrouvées sans abri lorsque les lotissements de Nakawa-Naguru (où vivait Ochen Solomon) ont été rasés pour créer un espace pour un projet de développement de nouveaux logements. (Photo : Hurinet)« Tous les gens de Nakawa et de Naguru, en Ouganda, ont été chassés de leur maison, y compris ma famille. Depuis, nous vivons chez mon oncle où il n'y a pas de terres à cultiver. En conséquence de l'accaparement de nos terres, nous devons désormais nous bagarrer pour avoir quelque chose à nous mettre sous la dent, » écrit Ochen. « Depuis 2011 où nous avons dû quitter Nakawa, nous n’avons toujours nulle part où aller. Sans mon bon oncle, qui nous aide en nous laissant une chambre... »

« Quand une terre est enlevée à son propriétaire, les personnes concernées devraient parvenir à un consensus avec les propriétaires... La terre accaparée doit être remplacée par une autre, ailleurs. »

Il pense que « dans l’avenir, l’accaparement des terres entraînera une multitude de sans abri et beaucoup de souffrances et que face à cela, nous devons être soudés, unis. »

Cliquez ici pour lire la composition d’Ochen (en anglais).

 

Omara James Michael (deuxième place)

« La terre est tout ce que nous avons pour notre subsistance quotidienne, » écrit Omara. « La mauvaise gouvernance, la corruption qui existe dans la plupart des pays africains est également responsable de l’accaparement des terres. »

Un conseiller municipal a travaillé conjointement aux communautés locales pour empêcher que la réserve forestière de Mabira ne soit défrichée au profit d’une plantation de canne à sucre.Il cite l'exemple de la forêt de Mabira, convoitée par des investisseurs qui voulaient en faire une plantation de canne à sucre. « Même si certains membres du parlement étaient corrompus, quelques autres, Beatrice Anywar, notamment, la députée d'Arua, se sont opposés à cette idée et, avec l’effort des habitants, la forêt a été ôtée des mains des dirigeants cupides qui l’avaient louée aux investisseurs. »

Omara propose que les investisseurs ne rencontrent pas seulement les hauts fonctionnaires, mais aussi les populations locales avant de procéder à des transactions foncières. Il exhorte à sensibiliser les communautés sur leurs droits fonciers, à mettre en place des indemnisations pour les personnes touchées, des politiques strictes contre la destruction des forêts et des zones humides et des peines sévères pour les contrevenants.

Il réclame également « un projet capable de parler pour les sans-voix, pour toute question liée à la terre. Cela aidera à lutter contre les dirigeants corrompus qui cèdent les terres des populations locales à leur propre avantage. »

Cliquez ici pour lire la composition d’Omara.

 

Ruma Daniel Henry (troisième place)

John Senyonga, 87 ans, est l'une des nombreuses personnes déplacées par la plantation de palmiers à huile BIDCO de Kalangala, Ouganda (Photo : Jason Taylor/FOE)La composition de Ruma examine le projet huile de palme de Kalangala soutenu par la Banque mondiale et le Fonds international de développement agricole. « [Il] en a résulté un important accaparement des terres de la communauté environnante et beaucoup de souffrance, mais aussi de gros bénéfices pour le gouvernement et la société BIDCO, » dit-il.

« Tous ces cas d’accaparement de terres ont aggravé l'insécurité alimentaire parce que les habitants qui avant cultivaient des haricots, de l’igname, du maïs pour manger ou pour de l’argent, doivent dorénavant tout importer. Ce qui aggrave encore les choses, c’est que la terre accaparée ne sert pas à la production alimentaire. « Mais même si c'était le cas, les recherches montrent que les petites exploitations agricoles sont parfois 20 fois plus productives que les grosses ».

Pour remédier à ce problème, écrit-il, « il faudrait encourager les citoyens à détenir des titres fonciers qui leur permettraient d’avoir une propriété légale sur leurs terres. Une fois que les citoyens détiennent leur titre foncier, se pourvoir en justice en cas de terres accaparées par le gouvernement ou par un investisseur devient facile. »

Cliquez ici pour lire la composition de Ruma.

 

Okao Allan Daniel (quatrième place)

« L'accaparement des terres génère de la famine dans différentes régions d'Afrique, » explique Okao. « Plus particulièrement en Ouganda, ma patrie, où beaucoup de gens meurent à cause de la famine. »

Il a aussi vu des personnes déplacées de leurs terres. « Pour moi qui suis un témoin oculaire, l’accaparement des terres conduit au déplacement de personnes qui doivent quitter leurs différents lieux d’habitation. Ensuite, ces personnes déplacées vont vers les zones urbaines et elles n’y trouvent nulle part où dormir. Elles finissent par dormir dans les couloirs, sans rien à manger, et par mourir de faim. »

Il pense que l'accaparement des terres a conduit à la division parmi les sociétés africaines. « Dans notre propre société, l'union peut résoudre le problème de tout ce qui concerne l'accaparement des terres en Afrique. »

Il suggère de créer un programme de sensibilisation à l'accaparement des terres et à ses effets qui touche plus de gens. « Les dirigeants de notre société devraient lutter contre l'accaparement des terres afin de protéger les ressources alimentaires et d’autres ressources. »

Cliquez ici pour lire la composition d’Okao.

 

Lorna Jones organise le Concours annuel de compositions d’enfants et de jeunes gens d'ascendance africaine ; il existe maintenant depuis huit ans.. Les quatre garçons cités plus haut ont remporté le concours 2013 pour la catégorie 14-16 ans. Plus d'informations à ce sujet sont disponibles sur : www.lornajones.net. Vous pouvez la contacter par courrier électronique : [email protected]

Author: Lorna Jones
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