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Auzeville statement on farmers' rights

by GRAIN | 10 Apr 2003
More than 350 people attended the first "Farmers' Seed Congress" in Auzeville, France, late February, organised by Confédération Paysanne, Nature et Progrès, Mouvement de Culture Bio Dynamique and Fédération Nationale d'Agriculture Biologique des Régions de France (FNAB), as well as three regional members of FNAB. After two days discussing strategies to strengthen farmers' seed systems in Europe, the participants adopted a statement about farmers' seeds and farmers' rights. We circulate it below in French and English (unofficial translation)

For more information about the initiative, contact Guy Kastler: guy.kastler(at)wanadoo.fr


TITRE: Déclaration d'Auzeville pour les semences paysannes et les droits des paysans AUTEUR: Les participants aux premières "Rencontres sur les Semences Paysannes", Auzeville, France, du 27 au 28 février 2003 DATE: Février 2003

DÉLARATION D'AUZEVILLE POUR LES SEMENCES PAYSANNES ET LES DROITS DES PAYSANS

Nous, plus de 350 personnes, dont de nombreux représentants de mouvements et syndicats paysans, d'associations de la culture biologique et bio dynamique, d'ONG de France et de 10 autres pays, réunis à Auzeville, France, aux Premières "Rencontres sur les Semences Paysannes" les 27 et 28 février 2003, déclarons :

La semence est un produit vivant de la nature que les paysans utilisent, multiplient et reproduisent dans leurs champs depuis que l'agriculture existe ; pouvoir la ressemer est un droit inaliénable des paysans qui doit être reconnu et respecté.

La maîtrise paysanne de la semence est source de diversité et d'autonomie. Cela permet d'adapter aux terroirs et aux conditions pédo-climatiques chaque génération de plantes que les paysans sélectionnent. La semence paysanne n'est ni homogène ni stable, elle évolue avec la vie. Sa dynamique la fait mieux correspondre aux besoins d?une agriculture diversifiée et elle offre la qualité de produits que recherche une diversité de consommateurs.

Les graines que le paysan produit dans son champ à partir de variétés anciennes ou d'aujourd'hui, de variétés oubliées ou orphelines, permettent aussi de conserver vivant, « in-situ », un patrimoine génétique et culturel d'une région. La plupart de ces variétés n'ont aucune valeur sur le marché mondial, s'échangent au niveau local et peuvent être une ressource génétique pour renouveler la diversité du patrimoine génétique d'autres terroirs. L'échange de semences paysannes est une nécessité pour maintenir la possibilité de l'évolution des variétés et leur capacité d'adaptation aux conditions spécifiques des fermes et des cultures.

La semence paysanne est menacée lorsque l'agriculture industrielle réduit la diversité et le nombre de paysans et remplace les variétés de pays par des variétés homogènes et stables. L'agriculture industrielle façonne les paysages, l'alimentation, la vie, selon des critères, des normes, des législations que nous ne partageons pas. Elle tente d'imposer des variétés hybrides non reproductibles, bientôt des variétés OGM, et des droits de propriété intellectuelle privée sur la semence, que nous refusons.

Aujourd'hui, le paysan soucieux de la relation entre ce qu'il cultive, l'endroit où il le cultive et les besoins alimentaires et culturels des communautés, poursuit l'amélioration des variétés grâce aux semences paysannes, solution d'avenir incontournable. Elles garantissent une diversité de variétés adaptées à chaque terroir, et cette adaptation permet d'éviter le recours massif aux produits phytosanitaires, aux engrais et à l'irrigation. Elles contribuent à un contrôle des coûts de production, augmentent l'autonomie de la ferme et valorisent le travail paysan. Elles sont donc un gage d'une production alimentaire de bonne qualité à un coût réduit.

Pour les agrobiologistes qui doivent utiliser des semences biologiques, les semences paysannes sont une des solutions pour éviter que la production biologique ne soit condamnée par un nombre trop réduit de variétés à la manière de l'agriculture industrielle.

Quel que soit le travail des obtenteurs, les paysans doivent pouvoir en totale liberté produire et échanger leurs semences. Ce droit est la première condition de l'autonomie alimentaire et donc de l'autonomie des peuples, et les paysans et tous les habitants de la planète doivent travailler ensemble pour faire respecter ce droit.


AUZEVILLE STATEMENT ON FARMERS' SEEDS AND FARMERS' RIGHTS

We, more than 350 people representing farmers' movements and unions, biodynamic and organic farming organisations and NGOs from France and 10 other countries, met together in Auzeville, France, for the first "Farmers' Seed Congress" on 27 and 28 February 2003 and declare:

Seeds are a living product of nature that farmers use, multiply and reproduce in their fields ever since farming began. To re-sow seed is an inalienable right of all farmers, which must be recognised and respected.

Farmers' control over seeds is a source of diversity and autonomy. It allows farmers to select plants, each season, for their adaptation to the local environment and land. Farmers' seeds are not genetically uniform, nor are they stable. They evolve with life. By their very nature, they correspond best to the needs of diversified farming and they provide quality products for a wide range of consumers.

The seeds that farmers harvest in their fields -- be they from traditional or modern varieties, economically marginalised or nearly extinct cultivars -- are a basis for dynamic 'in situ' conservation of the genetic and cultural heritage of their localities. Most of these plant varieties have no value on the world market. They are exchanged at the local level and are a useful resource to stimulate genetic diversity further afield. The exchange of farm-saved seed is necessary for plants to be able to evolve and adapt to specific cultural and farm conditions.

Farmers' control over seeds is threatened by industrial agriculture, which minimises the different kinds and total number of farmers, and replaces local seeds with fixed, uniform varieties. Industrial agriculture is reshaping our landscapes, diets and lives according to criteria, standards and laws which we do not accept. It tries to impose on us sterile hybrids, genetically modified organisms and private intellectual property rights on seeds -- all of which we reject.

Today, farmers who care about the relationship between what they grow, the place where they grow it and the food and cultural needs of their communities, are continuing to breed plant varieties through their own seeds. This is how we move forward. Farmers' seeds guarantee a diversity of crop types adapted to local conditions, and this adaption allow us to grow food without pesticides, chemical fertilisers or irrigation. They help us control our production costs, allow our farms to be more independent and they give value to our work. They are a proven hinge to good quality, low cost food production.

For organic farmers who must use organic seed, farmers' seeds provide a way to prevent the organic sector being condemned to just a few varieties in the manner of industrial agriculture.

Whatever the work of formal plant breeders, farmers must have the total and absolute right to produce and exchange their own seeds. This right is the basis of food autonomy and therefore of people's freedom. Farmers and all peoples from all over the world must work together to ensure the full respect for this right.

Author: GRAIN