https://grain.org/e/4748

L'Afrique a besoin des Cultures Génétiquement Modifiées pour faire face au changement climatique – expert

by Paul Brown | 27 Jun 2013

L'un des scientifiques les plus éminents de l'Afrique soutient que, dans un contexte de réchauffement climatique le monde a besoin d'adopter à grande échelle des cultures génétiquement modifiées afin de nourrir sa population croissante.

Malgré l'enthousiasme du professeur Calestous Juma, 160 pays ont jusqu'ici rejeté la technologie. Le Professeur Calestous Juma a appelé les dirigeants politiques qui ont rejeté la technologie à réfléchir de nouveau, et les jeunes scientifiques à explorer les possibilités de Cultures Génétiquement Modifiées après des années de controverse autour des cultures. Une grande partie de l'Afrique a boudé les Cultures Génétiquement Modifiées.

Dix-sept ans après la première introduction commerciale de maïs GM il ya encore de profondes divisions au sein de la communauté scientifique sur les plantes, les poissons et les animaux génétiquement modifiés.

Mais le Professeur Juma du Centre Belfer pour la Science et les Affaires Internationales de l’Ecole Kennedy de Harvard aux Etats-Unis - qui a également co-présidé le panel de haut niveau de l'Union africaine sur la Science, la Technologie et l'Innovation - estime que les avancées qu’ont connues les OGM dans l’agriculture, sont importantes pour l'Afrique et doivent beaucoup faire ressortir les aspects les plus positifs des nouvelles technologies.

S'adressant aux diplômés de l'Université McGill, à Montréal, il a déclaré que de 1996 à 2011, les cultures transgéniques " ont réduit de près de 473 millions de kilogrammes l’utilisation des ingrédients actifs des pesticides ".

Juma a déclaré que ces cultures ont également réduit les émissions de dioxyde de carbone de 23,1 milliards de kg, ce qui équivaut au retrait de 10,2 millions d’automobiles de la circulation.

«Sans les cultures transgéniques, le monde aurait eu besoin de 108,7 millions d'hectares de terres (420,000 miles carrés - environ la superficie de l'Ethiopie) pour le même rendement.

«Les avantages de la technologie pour la diversité biologique ont donc été inestimables. Sur le plan économique, près de 15 millions d'agriculteurs et leurs familles, estimés à 50 millions de personnes on tiré des avantages de l'adoption des cultures transgéniques ".

Cependant, seuls quatre des 28 pays producteurs de cultures transgéniques aujourd’hui sont en Afrique – l’Afrique du Sud, le Burkina Faso, l’Egypte et le Soudan - a déclaré Juma, un Kenyan. Il a souhaité que cela change.

Des Bananes dorées

Il a cité des exemples d'innovations scientifiques importantes qu’ont connues des plantes transgéniques en Afrique. Une variété transgénique de dolique à œil noir à base des gènes d'insecticide tirés d'une bactérie, Bacillus thuringiensis, a été mise au point par des scientifiques de l'Université Ahmadou Bello du Nigeria.

Actuellement, un papillon de nuit – insecte ravageur, le Maruca vitrata, détruit chaque année des cultures de dolique à œil noir estimées à près de 300 millions de dollars US, en dépit des dépenses annuelles en pesticides importés qui s’élèvent à 500 millions de dollars US. Le copieux dolique à œil noir, résistant à la sécheresse est non seulement important dans les régimes alimentaires locaux, mais il est aussi un important produit d'exportation - L’Afrique produit 96 % des 5,4 millions de tonnes de dolique à oeil noir consommées chaque année dans le monde.

En Ouganda, des scientifiques se servent des biotechnologies pour lutter contre le problème de Xanthomonas, une maladie bactérienne qui s’attaque aux bananes et qui coûte environ 500 millions de dollars par an à la Région des Grands Lacs en Afrique. Des chercheurs Ougandais sont entrain de mettre au point une banane transgénique résistante à la maladie à l’aide de gènes extraits d’une espèce de poivron.

Toujours en Ouganda, les scientifiques ont mis au point des «bananes dorées» à teneur améliorée en vitamine A, importante pour la croissance et le développement, un système immunitaire sain et une bonne vision, a déclaré Juma.

Des Scientifiques kenyans travaillent également sur l'amélioration de la teneur en micronutriments des bananes ainsi que deux autres produits de base – le sorgho et le manioc.

"Les techniques maîtrisées peuvent être étendues à une gamme variée de cultures locales d'Afrique», a déclaré Juma. "Ceci non seulement, aiderait l'Afrique à diversifier son régime alimentaire utilisant des cultures indigènes améliorées, mais aussi lui offrirait la possibilité de contribuer aux besoins alimentaires du monde."

La Controverse

Le retard accusé dans la soumission de ces produits à l'essai et l’approbation à des fins commerciales est dû en partie à "l'intolérance technologique", a t-il dit, ce qui en grande partie reflète l'activisme anti-biotechnologique européen.

"Toutefois, cette opposition vexatoire, ne se résume qu’à une petite malice politique."

Etant donné que les défis du monde en termes d’alimentation croissent, l'humanité doit s’approprier de la modification génétique et d'autres technologies telles que les satellites pour contrôler les ressources de la terre, a dit Juma. "Mais ces techniques ne sont pas des balles en argent. Elles doivent faire partie d'un système d'innovation plus large qui regroupe l'amélioration des interactions entre les universités, le gouvernement, les entreprises et les agriculteurs ».

Malgré l'enthousiasme du professeur Juma, 160 pays ont jusqu'ici rejeté la technologie : à l'heure actuelle plus de 80% des cultures OGM sont cultivées dans seulement quatre pays des Amériques.

Les principales cultures sont le soja, le maïs, le canola et le coton. Les critiques disent que la première génération de plantes Génétiquement Modifiées est principalement constituée des cultures résistantes aux herbicides qui ont profités aux grands agro-industriels parce qu'ils ont obtenus des brevets sur aussi bien les semences que l'herbicide utilisé.

Certains scientifiques soulignent également que l'utilisation de pesticides a créé des soi-disant «super mauvaises herbes» qui sont devenues résistantes aux herbicides et difficiles à éliminer.

Les environnementalistes affirment que les attitudes négatives à l’égard des Organismes Génétiquement Modifiés pourraient changer si les cultures résistantes à la sécheresse et au sel sont conçues pour aider l'agriculture sur les sols pauvres plutôt que de se concentrer sur les cultures commerciales pour les agriculteurs déjà riches.

Cet article a été rédigé par Climate News Network

Author: Paul Brown
Links in this article:
  • [1] http://www.grain.org/fr/article/entries/4726-les-transgeniques-20-ans-a-alimenter-ou-a-leurrer-la-planete
  • [2] http://www.climatenewsnetwork.net/2013/06/plea-for-gm-as-climate-warms/